Découvertes Sacem
En ordre anti-chronologique, quelques découvertes faites grâce aux invitations de la Sacem.
Scène Sacem : Constance Amiot et Zoufris Maracas
Le mercredi 17 septembre 2014, j'ai eu la chance d'être invité une nouvelle fois à la Scène Sacem pour découvrir deux nouveaux talents musicaux émergents. Cette manifestation se déroulait aux Trois Baudets, à Paris, comme le plus souvent.
Il est difficile d'imaginer deux types de musiques plus différents que Constance Amiot et Zoufris Maracas. Le contraste évite les comparaisons, les classifications.
Mais ce même contraste permet de mieux apprécier la vraie diversité de la nouvelle scène française.
Constance Amiot, pour commencer. Accompagnée de trois musiciens, cette chanteuse a une présence forte sur scène mais toute en douceur et en charme. Sa pop romantique est tantôt en français tantôt en anglais. Et elle sait emmener le spectateur dans une rêverie des plus agréables.
Visiblement peu habituée à la scène, elle semblait assez stressée avec quelques problèmes d'articulation et d'animation de la salle. Ce talent est donc prometteur mais pas encore tout à fait mature.
A l'inverse complet du groupe Zoufris Maracas. Après avoir fait ses armes dans le métro parisien, à "tendre le chapeau après le spectacle, ce qui est moins confortable que de le faire avant", Zoufris Maracas est chez lui sur scène. La salle aussi est chez lui, d'ailleurs. Bref, il est chez lui partout. Et les spectateurs sont tous bien contents d'être invités pour ne pas dire entrainés.
Swing manouche, rythmes jazzy ou autres, leur musique est entrainante et les textes anarchisants sont tous autant de cris de révoltes qu'un Brassens n'aurait pas désavoués. Les six membres, menés par un chanteur charismatique, communient avec la salle dans une grande fête païenne.
Marie Cherrier au théâtre Les 3 Baudets : le retour à Paris de la chanteuse (bien accompagnée)
La jeune chanteuse Marie Cherrier était de retour sur scène à Paris le 7 mai 2013, au théâtre Les 3 Baudets, la célèbre salle de Pigalle. Je vous ai déjà souvent parlé de celle qui fut, pour ses deux premiers albums et son live à La Cigale, la fille cachée de Brassens et d'une danseuse gitane.
Cinq ans et une rupture de style plus tard, la voici donc de retour, un troisième album en poche, Billie.
Elle partageait la scène avec Cécile Hercule et Max Müller (Haunted Hunters).Ce dernier, qui a fait l'ouverture, a présenté quelques morceaux de son projet folk-pop anglosaxon. Celui qui est pourtant par ailleurs chanteur du groupe de rock’n’roll Spark Gap n'était pas très à l'aise sur scène. Des mélodies et une voix pas désagréables, certes, mais sans beaucoup d'intérêt.
Par contre, la première partie, assurée par Cécile Hercule, méritait franchement le déplacement. Il faut noter sur le bulletin de cette jeune chanteuse lyonnaise la mention : "fait rire la salle". Cette fausse ingénue délurée visite des styles musicaux très variés, de la douce musique romantique à l'électro, pour raconter des histoires à la fois tendres et drôles avec sa voix de petite fille innocente.
Il faut tout de même oser faire une chanson avec son thème astral (bélier ascendant balance) ou sur une histoire d'amour qui se finit pas très bien en accumulant les uns derrière les autres des proverbes français traduits mot-à-mot en Anglais, le tout chanté avec un accent... euh... que même Maurice Chevalier n'aurait pas osé avoir.
Outre une forte tendance à l'auto-dérision et une grande complicité avec ses deux musiciens, Cécile Hercule assure sur scène. Sa présence illumine la salle. Elle n'avait droit ici qu'à une demi-heure mais il faudra absolument suivre ce talent prometteur. Essai à transformer.
Enfin, la vedette de la soirée était donc Marie Cherrier. Il ne s'agit encore pour l'heure que de l'amorce du prochain spectacle complet qui devrait être présenté en Juin. L'essentiel était donc de continuer de présenter au public les chansons du nouvel album, Billie, mais deux anciennes chansons ont eu ici droit de citer : Nana (inspirée de la vie de prostituée à l'époque des maisons closes, du titre du roman de Zola), a priori inédite en album sauf erreur de ma part, et Le Temps des Noyaux.
Le message est donc bien passé : non, Marie Cherrier ne renie pas ses deux premiers albums au style acoustique. Par contre, la nouvelle forme de présence scénique en lien avec le style désormais plus rock des nouvelles compositions est désormais bien au point. Et Marie Cherrier manie, de toutes les façons, toujours la même révolte. Elle n'a donc pas vraiment changé. Et c'est tant mieux !
Sacem l'humour : trois comiques ni sourds ni muets
Ca Sème l'Humour, manifestation organisée au titre de l'action culturelle de la Sacem, permet de mettre régulièrement en valeur trois humoristes émergents.Plus tout à fait débutants, réalisant déjà des spectacles, ils n'ont en effet pas encore atteint une réelle célébrité.
La fournée du 24 mai 2011 permit de bénéficier de trois formes d'humour très différentes avec Xavier Vilsek, Amaury Gonzague et Willy Rovelli, tous trois sous le parrainage d'André Gaillard et de ses filles, les Soeurs Z'Ennemies, reprenant et adaptant les sketches d'humour absurde de leur père à l'époque des Frères Ennemis.
Xavier Vilsek était le plus original et aussi le plus novice des trois, même s'il joue déjà un spectacle, le bruit qui court. Ses sketches sont uniquement basés sur des jeux de sons et de mimiques avec très peu de mots (mais sans être muet non plus). Des serveurs vocaux appelés par une victime d'accident cardiaque à l'histoire de la musique de Cro-Magnon à nos jours, la salle est pliée de rire du début à la fin.
Amaury Gonzague est, à l'inverse, dans le grand classique pour ne pas dire le grand siècle. Cet ancien riche, aristocrate à l'expression des plus choisies, est désormais résident du 9-3 dans une HLM particulièrement sordide. Ses aventures sont contées au fil de mille jeux de mots subtils. Intellectuel et très drôle même si une petite dose semble préférable à une plus grande devant un faible renouvellement entre sketches.
A l'exact inverse, Willy Rovelli, qui commence à se faire un nom à la radio, utilise le registre du comique provocateur avec une forte interaction avec la salle dans la tradition des chansonniers. La satyre sociale prend souvent la forme de l'égocentrisme. Les amateurs du genre apprécieront.
Ca sème l'humour : trois comiques en sortie
Pour la sixième fois, la Sacem promouvait de nouveaux talents comiques dans sa manifestation "Ca sème l'humour" le 6 décembre 2010 au théâtre Les Trois Baudets à Paris.La soirée, parrainée par Luis Régo et réservée à des professionnels invités permettait de voir trois nouveaux talents comiques.
Cependant, ils ne s'agissait pas de jeunes talents au sens strict puisque tous avaient déjà quelques spectacles(voire plus) derrière eux.
Les trois artistes en question étaient Cédrick Spinassou, Charlotte Des Georges et Guillaume Meurice. Tous trois ont réalisé des galeries de personnages issues de leurs spectacles.
Cédrick Spinassou joue de son nom dans son Spinassou Show. Il imagine ainsi divers personnages, souvent absurdes, ayant pu intervenir au cours de la longue saga des Spinassou. Il fut le moins applaudi des trois mais il faut aussi admettre qu'il était aussi le plus novice.
Charlotte des Georges est nettement plus expérimentée puisqu'elle aligne des précédents au théâtre, à la télévision (avec Karl Zéro ou Caméra Café) voire au cinéma. Spécialisée dans la parisienne, jeune ou agée, bourgeoise ou juste casse-pied, son registre est plus classique même s'il est très drôle.
Enfin, Guillaume Meurice sévit depuis un certain temps dans les cafés-théâtres. A 29 ans, il brosse les portraits de personnages délirants (y compris Dieu lui-même), caustiques (militants UMP s'abstenir) en sachant bien interagir avec la salle. Des trois, il fut le plus applaudi.
Scène Sacem : à la rencontre de l'Herbe Folle et du Larron
Après les Autres Prods, la SACEM continue de promouvoir les "jeunes artistes" sociétaires au travers de trois manifestations d'une même famille : Scène Sacem, déclinée en "chanson", "jazz" et "comique".Le 3 mars 2010, la première Scène Sacem Chanson a permis de faire découvrir à un public de professionnels et de journalistes Le Larron et L'Herbe Folle.
Le spectacle était réalisé dans une salle partenaire : La Bellevilloise , 19 rue Boyer à Paris.
Le Larron, accompagné de trois musiciens, mène sa voix brisée sur des rythmes jazzy tirant parfois sur le rock typiques de la nouvelle scène française et de la chanson à texte. Humour et cynisme animent des textes intimistes parfaitement ciselés qui ne sont pas sans rappeler un Bénabar des débuts, avant que le Show Business ne l'abime. Le Larron sait créer l'ambiance et la complicité avec la salle sur des thématiques tragiques qui n'empêchent pas une forte chaleur.
A ce style bien net a répondu une deuxième partie plus folle, jaillissante dans toutes les directions. Les Herbes Folles méritent pleinement leur nom. Trois hommes et une femme, chanteuse principale et batteuse, qui passent sans sourciller de la flûte à la contrebasse, de la guitare électrique à l'accordéon, du youkoulélé au saxophone. Les accents de cette musique du voyage empruntent au jazz, au yiddish, au slave, au hip-hop, à l'oriental, au "réaliste parisien acoustique"... et à la bourrée auvergnate. Les musiques des plus variées, entrainantes, emportent le public dans une folie inclassable. Et puis l'humour transforme des chansons en véritables sketches. Un voyage musical emmène ainsi le spectateur dans les lieux les plus improbables.
S'il était encore nécessité, cette manifestation démontre que les talents sont nombreux à s'abimer dans les caves parisiennes tandis que brillent sur le petit écran tant de médiocrité.
Sur le web : Le Larron et L’Herbe Folle.
La Sacem promeut des talents peu connus
Organisé par la Sacem, le spectacle Les Autres Prods promeut la "nouvelle scène française".
Certes, ce ne sont pas vraiment des inconnus ou des débutants : ils tournent dans les salles de concert, sont produits par des professionnels... Mais ils ne sont pas non plus sur toutes les radios. Du moins pas encore. Et pourtant, le talent est là. Le Talent, même.
"Ils", ce sont les artistes qui sont invités à se produire par la Sacem lors du concert "Les Autres Prods". L'édition 2007 (où j'ai été invité au Bataclan le 29 mars 2007) a réuni, dans l'ordre du spectacle : Les Doigts de l'Homme, Les Petites Bourrettes, Marie Cherrier et Fantazio.
Les Doigts de l'Homme est un trio de cordes qui réalise une musique poétique, souvent enlevée.
Marie Cherrier a une présence sur scène incroyable alors qu'elle semble si menue. Le rythme enlevée des mélodies, la voix chaude et douce, les paroles poétiques, un charme certain... Et cette auteur-compositeur-interprète n'a que 22 ans ! Un petit air d'Olivia Ruiz m'a-t-on soufflé dans l'oreille...
Avec Les Petites Bourrettes, on passe à un groupe d'hommes, de vrais. Du vrai bon rock français, à la Mano Negra ou à la Noir Désir. Du spectacle qui mérite son nom au delà de la seule musique. Leur présence scénique est remarquable.
Enfin, pour finir, quelque chose que je ne peux pas définir : Fantazio. Je n'ai pas aimé du tout ce groupe cacophonique.
Je viens d'acheter sur Fnac.com les deux albums Ni vue ni connue de Marie Cherrier et Bambam de Les Petites Bourrettes. Moi aussi, j'encourage les jeunes talents...